Calvaires et Croix de chemins

Calvaire du cimetière

Les croix de chemins sont indissociables de nos paysages quercynois. Mais des croix on en dressait aussi sur les places des bourgs et des hameaux comme au milieu des cimetières.
Objets de dévotion, la plupart étaient autrefois le but de processions pour les Rogations et les principales fêtes religieuses.
Beaucoup ont été cassées pendant la Révolution. Quelques unes ont été démontées et cachées par les habitants, puis après la Révolution restituées et restaurées.
La première constatation qui s’impose, c’est la grande diversité de formes et de décors.
La commune de Thégra possède 13 croix : 5 croix en pierre, 2 en bois, 2 en fonte, 4 en fer. Il ne subsiste que le trou et le socle d’une 14ème. (Croix de Lacam).

Calvaire place du bourg
Croix de Lapoujade
Croix de Miquial
Croix du Ségala
Croix de la Font Grande
Croix du Pech

Lors de cet inventaire nous avons relevé certains détails ; symboles religieux, date, inscriptions diverses :
Date : 1802 et 1803
La date figurant sur une croix est en principe celle de son érection, mais dans certains cas, il s’agit d’une date de restauration. Elle figure sur un socle, dans le cas d’une croix en fer ou en fonte. Elle est à considérer avec prudence. En effet certaines d’entres elles ont remplacé des croix de pierre.

L’ostensoir :
C’est le motif symbolique le plus répandu. Il apparaît vers 1740. On le voit au centre de la croix, à la place du Christ, ou sur le fût. Son dessin varie selon l’habileté du lapicide. Il peut se réduire à une gravure constituée d’une simple croix grecque inscrite dans un cercle et portée par une tige filiforme reposant sur un support triangulaire. Toujours stylisé mais plus élaboré, il se garnit de stries rayonnantes et se couronne d’une petite croix.
Les ostensoirs sculptés en relief se rapprochent des modèles observés, avec la lunule centrale (destinée à recevoir  l’hostie), la hampe ornée d’un noeud médian et un pied en demi-lune ou mouluré.
L’image de l’ostensoir, comme ultérieurement celle du calice, paraît en relation avec le renouveau de la dévotion au Saint-Sacrement animée par les confréries présentes dans la quasi-totalité des paroisses du diocèse.

Le calice :
Au XIXe siècle le calice accompagne parfois l’ostensoir sur une face et sur l’autre le calice avec l’hostie.

Le coeur :
C’est un motif assez fréquent. Il est quelquefois dessiné renversé, la pointe en haut, sans que ce détail ait une signification particulière. Sur les croix il est considéré comme le symbole de l’amour de Dieu ou la marque de la dévotion au Sacré-Coeur. Celle-ci connut un large développement à partir du XVIIe siècle. Le coeur se rencontre seul, accompagné d’un ou deux autres coeurs, ou encore associé à d’autres motifs.

Le titulus (I.N.R.I.) :
Abréviation de Iesus Nazarenus Rex Judaeorum (Jésus de Nazareth roi des juifs). Ce "sigle" figure sur la plupart de nos croix depuis le XVIIe siècle. Le titulus est généralement inscrit sur la partie supérieure du bras vertical, plus rarement au centre du croisillon. C’est dans certains cas l’unique inscription visible. Le tailleur de pierre ne sachant souvent ni lire ni écrire, il arrive que le titulus soit incomplet ou à peine ébauché.

Le monogramme du Christ (IHS) :
Ces trois lettres résument la formule Iesus Hominum Salvator (Jésus Sauveur des Hommes). Le H est parfois surmonté d’une petite croix ; il est éventuellement représenté seul, le I et le S étant oubliés.
Le monogramme peut être associé au titulus. Il est lors tracé le plus souvent au centre du croisillon et se substitue à l’image du Christ.

Le Christ :
C’est l’image emblématique, en plus ou moins fort relief, qui figure sur de nombreuses croix.
De facture souvent naïve, il est représenté de différentes façons. Les bras sont soit tendus horizontalement (à la manière des Christs romans), soit levés, plus ou moins écartés, parfois presque verticaux. Les pieds sont presque toujours séparés (là encore selon les modèles romans), mais ils peuvent aussi être posés l’un sur l’autre. Les doigts des mains et des pieds sont quelquefois dessinés. La tête est droite ou légèrement penchée. Les yeux, le nez, la bouche, la chevelure, sont parfois sommairement figurés.

Inscriptions diverses :
En dehors des mentions rappelant qu’une croix a été érigée à l’occasion d’une mission ou d’un jubilé on relève de-ci de-là quelques inscriptions :
- EMILIE ET PIERRE – FREJAFOND - PRORES A VENTOULOU – 1898 - P.P. EUX
- ACTE DE CONTRITION - 40 JOURS D’INDULGENCE - ERIGEE LE 28 MAI 1899 - PROPRIETE PRIVEE
- FAMILLE - SANTE - PAIX - QUE DIEU TE PROTEGE (1986)
Les longues inscriptions sont rares en raison de la surface disponible restreinte.
Peut-être aussi parce que beaucoup de tailleurs de pierre, illettrés, éprouvaient des difficultés à graver un texte, même avec un modèle. Certaines inscriptions sont d’ailleurs absolument indéchiffrables. Dans la première hypothèse elles sont libellées sur le socle, mais elles restent exceptionnelles.
Les très rares croix commémorant un fait divers (crime ou accident), toutes du XIXe siècle, portent rarement une épitaphe. Celle-ci figure généralement sur le socle, mais on peut citer quelques exceptions :
- A Loubressac, sur la face de la "Croix d’Hélène" on peut lire : A la mémoire d’Hélène Bombezy morte martyre en ce lieu en 1844.

Les instruments de la Passion :
Ils ont la faveur des lapicides expérimentés. Il peut s’agir d’un seul élément, comme par exemple la couronne d’épines schématisée, ordinairement au centre du croisillon,
par un cercle simple, double ou torsadé.
Les autres objets les plus fréquemment représentés sont le marteau et les tenailles.
Mais on trouve aussi, les trois clous de la crucifixion, le fouet de la flagellation, le calice qui a recueilli le sang du Christ, une lance…

Motifs végétaux :
Rosaces diverses, fleurs, rameaux, fleurs de lis, gerbe de blé, lierre…

Conclusion :
Nous venons d'étudier les calvaires et croix de Thégra avec leurs motifs. Mais D’une commune à l’autre, le nombre de croix, leur type, leur nature, leur forme peut être totalement différents. Chaque croix est unique et renferme bien d’autres « trésors » : symboles religieux, épigraphie, iconographie, motifs végétaux…